mardi 5 juillet 2011

Dernières nouvelles

Mes étudiants me faisant quelque peu faux bond ces jours-ci, le temps m'est laissé ce soir pour continuer de vous conter mes dernières aventures équatoriennes.

Chouchou parti (18-06), c'est le cœur gros que j'ai mis le cap dans l'après-midi pour Latacunga, la première "grosse" ville au sud de Quito, sur la Panaméricaine. Si vous suivez bien, c'est le fief de Clémentine et la sachant sur la fin de son séjour ici, il faut en profiter pour découvrir son univers à elle : celui de la Sierra (la région centrale andine du pays) et les communautés paysannes. Un bus "Amaguaña" attrapé devant le campus, je file vers Tambillo et de là, à traverser la Panaméricaine (sur la passerelle bien sûr, pas comme ces fous sur la route même) pour espérer grimper dans un bus... sauf que je ne suis pas la seule et que comme les bus filent plus au sud que Latacunga, ils embarquent d'abord les passagers qui iront le plus loin... Je passe mon tour quand un jeune équatorien s'approche et me dit "Latacunga ?", bah oui et me désigne un bus sorti de nulle part, je pique un sprint, double un jeunot au passage (je tiens la forme même sans faire du sport ;-)) et je m'assois sur le premier siège ! Yes, j'y suis mais y'avait pas le feu au lac, le bus est à peine rempli donc on attend d'autres passagers soulagés par la bonne aubaine ! Il est 17h30, le voyage panaméricain peut commencer, la chance est avec moi, le temps est dégagé contrairement à il y a deux jours quand on a fait ce même bout de route avec Chouchou. Par conséquent, le Cotopaxi est là, je ne l'avais vu d'aussi près, les Illinizas aussi et dans la lumière du couchant les neiges du "Cou de la lune" - la traduction du nom indigène du Cotopaxi - se pare d'orangés, rose, mauve, je ne le quitte pas des yeux, je suis bien placée, à gauche dans le bus (désolée, pas de photos mais j'espère en septembre). Une petite consolation pour la peine qui me ronge depuis le matin...


Cotopaxi au coucher du soleil (photo extraite du web)
 "Latacunga, terminus, tout le monde descend !" Hop, un taxi et direction les bureaux d'Heifer, l'ONG où bosse et loge Clémentine. Du blabla entre copines et Clémentine m'invite à découvrir LA spécialité gastronomique de la ville les "llapingachos". En fait, ce sont des galettes de pommes de terre cuisinées avec du fromage mais le seul fait que ce ne soit pas du riz et bien des patates pour nous, c'est que du bon ! Pour cela, on est allé dans le Latacunga populaire de l'autre côté de la passerelle, à l'opposé du centre ville, dans une gargotte reconnue car il y a la queue devant l'étal. Nous, nous restons manger sur place, juste derrière l'étal avec une ou deux familles d'équatoriens sur une table et on aime. Dans l'assiette donc, les fameux llapingachos avec de l'avocat, un peu de viande et une petite salade composée. De quoi nous caler, nous réchauffer car Latacunga est l'une des villes les plus froides d'Equateur même si ce soir, ça va et nous remplir l'estomac pour bien dormir !

Vendeuse de llapingachos (photo web)
 Ici la recette, à vous de jouer !

Ingrédients

- 4 livres de pommes de terre
- 1 oignon blanc finement coupé
- 4 cuillères d'huile avec de l'achiote (comme on l'appelle ici, sinon c'est le roucou, le fruit d'un arbre)
- 250 gr de fromage râpé
- 2 blancs d’œufs
- sel selon votre goût

Préparation

- Faites revenir l'oignon dans l'huile.
- Faites cuire les pommes de terre et une fois cuites, écrasez-les pour en faire une purée
- Ajoutez l'oignon frit à la purée et formez des boules
- Faites un trou dans la boule et insérez le formage râpé, fermez et aplatissez pour former des galettes
-Dans une poêle, faite-les dorer.

Conseils

Servez avec de la salade, des tomates et de l'avocat.

Le plat de llapingachos (photo web)
  Le lendemain, dimanche, levées à 6h et décollage à 7h, hop un taxi encore et la Panaméricaine de nouveau, toujours en directions du sud, jusqu'à Ambato. Un bus arrive juste, nous grimpons dedans mais à l'intérieur, tout le monde dort et l'odeur des couvertures et du renfermé n'est pas des plus agréables... contrairement à ce qui se passe dehors. Il fait beau et j'ai de la chance car devant nous, deux volcans sont visibles... Même Clémentine qui fait cette route tous les dimanches ne les a jamais vus aussi dégagés. A gauche, le Tungurahua, 5 023m d'altitude, il est situé près de Baños, celui-là même qui peu après le départ des parents fin avril est de nouveau entré dans une phase explosive. Et, à droite, le grand Chimborazo, le plus haut sommet du pays, 6 268 m, il est situé près de Riobamba et son diamètre au pied est de 20 km, imaginez un peu la bête. Tandis que le premier ne présente pas de sommet sous la neige, le second en a la crête couverte et sur le fond bleu, c'est juste beau ! Nous continuons de le côtoyer en bus, lors de notre voyage Ambato-Quisapincha, un village où Clémentine travaille. Le dimanche c'est jour de marché (chic ! chic ! chic !), l'occasion de renouer avec nos habitudes boliviennes et de déguster un jus de fruit au stand d'une petite dame, miam !

Le volcan Tungurahua (photo web)
Le volcan Chimborazo (photo web)
 Ce mois-ci, ce sont les fêtes du village. Dommage pour nous, la corrida de taureaux c'est pour la semaine suivante mais en même temps, en voyant les tribunes qui ont été installées, un enchevêtrement de planches qui fait qu'on se demande bien comment ça tient et s'il n'y a pas des accidents, on s'estime un peu soulagées. Clémentine s'attelle avec ses "compañeros" ("compagnons") à leur faire comprendre le fonctionnement du logiciel de micro-crédit en nature, à leur faire remplir correctement les fiches pour que le suivi soit assuré, la scène est épique et ces petits messieurs sont tout de même bien attachants. L'un avec son feutre gère à peu près la crise et un autre entre avec son bob (véridique) estampillé mickey et présente les papiers, s'inquiétant bien régulièrement "c'est bon hein ? j'ai bien fait ?" tel un enfant de... 50 ans. Drôle.

Détails des tribunes en bois
 Je laisse Clémentine à ses compagnons et je m'aventure au milieu des tribunes où se tient en ce matin la foire aux bestiaux ! Oui, j'aime ! La forêt de chapeaux de ces dames, leurs sacs tendus où les cuyes (cochons d'inde d'ici, un peu plus gros et qu'on mange) s'agitent, les cochons qui grouinent, un mouton qui pend les pattes en l'air, la tête en bas, la gorge tranchée et la bassine en-dessous pour récupérer le sang, oui, j'aime ! J'assiste au spectacle en touriste et intruse car je suis la seule ! Peu de touristes montent ici, je suis donc une privilégiée et je me mets en retraits appuyée sur les remparts en bois pour continuer d'observer la scène. Pas de photos, prudence oblige même si, si ça se trouve, j'aurais pu faire d'excellents clichés, photos mentales pour moi et vous, place à votre imagination. Pour parfaire la scène et vous aider à imaginer, les femmes d'ici sont habillées d'une jupe noire, un haut sombre également mais en général elle attache sur leurs épaules une étoffe épaisse (polaire ?) bleu turquoise ou rose fushia, le contraste y fait, c'est chouette. Quelques-unes d'entre elles me souriront : "tiens, mais qu'est-ce qu'elle fait là elle avec son k-way "quechua" ?". Autour des tribunes, les pick-up sont garés et leurs chauffeurs attendent les clients et leurs marchandises pour les emmener encore plus haut dans les villages du paramo. Les cochons font des siennes à la montée, on les attrape par les oreilles, on leur tape sur les fesses bref ils monteront coûte que coûte. Au bout d'un moment, un des chauffeurs vient s'enquérir de ma personne et de mon investigation, étonné de voir une touriste dans le coin.


Il est presque midi quand Clémentine se libère, nous retrouvons devant l'église Maria et Zita mes voisines de la résidence également en visite dans le coin, dans la famille de Maria. Un petit tour sur le marché, des empanadas en passant parce qu'il fait faim mine de rien et nous nous séparons de mes voisines pour quelques emplettes. D'abord, à même le sol, nous achetons enfin ces petits ceinturons tissés qui me plaisent tant et qui ornent et les ceintures des dames et leurs nattes, j'adore. Je n'en achète que deux mais l'envie de dévaliser l'étal de la dame est forte (le porte-monnaie est juste à sec :-(). Une prochaine fois pour pouvoir réaliser des cadres originaux pour mes photos... Suite du shopping dans les boutiques et oui, malgré le caractère rustique des rues en terre, des maisons en adobe, Quisapincha est l'autre capitale équatorienne du cuir (avec Cotacachi où nous sommes également allées le 14 mai dernier). Hélas, il y a encore moins de choix et ce sont surtout des vestes, des chaussures formelles qui sont en vitrine, rien d'original, d'un peu ethnique d'ici donc nous revenons les mains vides, juste contentes de nos ceinturons tissés très bon marché (1,50$ l'un). L'heure avance et après avoir fait toutes les boutiques, il est 14h30, il fait beau et Quisapincha n'offrant ni un café, ni une terrasse où siroter un verre, nous décidons de redescendre et de nous arrêter au Parque de la familia, sur les hauteurs d'Ambato, la balade dominicale typique des familles d'ici, on suit donc. Il fait beau, c'est agréable, un peu chaud et de l'herbe, il n'en faut pas plus pour voir deux étrangères s'allonger et s'endormir pour une petite sieste.
Vue d'Ambato depuis le parque de la familia

Les fameux ceinturons


Mais pas trop longtemps car il me faut rentrer sur Quito donc on redescend sur Ambato, le terminal et de là, bus pour moi jusqu'à Sangolqui, normalement j'arrive à temps pour prendre le dernier bus qui me conduira à la résidence... sauf que c'était sans compter sur un accident sur la Panaméricaine, juste après Latacunga et donc, des ralentissements incroyables, un bouchon qui nous fait perdre quasi une heure et donc à moi, mon bus. Même si le bus me dépose presque à côté du campus, rentrer à pied n'est pas envisageable, au dit rond-point du Colibri, d'autres jeunes désespèrent de trouver un taxi quand enfin, l'un se présente et allant dans la même direction, nous partageons, ouf, je suis sauvée, j'y laisse mes dernières pièces et je file vite défaire mon sac et m'endormir la tête pleine de volcans, de dames joliment habillées et de cris d'animaux. Quant aux pensées du cœur, elles sont bien arrivées à destination, là-bas, trop loin mais bien vite il sera de retour !

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