vendredi 6 mai 2011

Pacifique : partie 1, direction Manta !

Depuis mon arrivée et lors de nos déjeuners à l'UEMPE, la possibilité de me joindre au groupe lors des exercices de formation hors des murs de Quito avait été évoquée et donc... le jour est enfin arrivé : jeudi 28 avril dernier.

Tandis que j'assurais le début de mon cours alors que je ne le devais pas, je me rendais compte que mes chers étudiants ne comptaient pas venir pour venir apprendre en autonomie... :-( J'appelle donc l'un d'eux pour leur dire que je suis là et que je les attends. Oh surprise et ô l'embarras de s'être fait pincer ! M'enfin, je ne suis pas de celles qui s'énervent, ce sont des adultes et c'est pour eux qu'ils apprennent tant pis s'ils ne profitent pas de la chance qui leur est offerte. Et donc, le minibus qui devait m'amener à l'aéroport avec les autres était prévu vers midi, j'avais demandé à ce qu'on me prévienne du départ dans ma classe. Le temps passe, 12h15... 12h30... et toujours rien. J'étais bien allée m'enquérir au bureau du départ éventuel mais non, non, ne t'inquiète pas. Sauf qu'à 12h50, on vient me voir dans ma salle : "Priscilla, ils sont partis sans toi." Grr, et alors ? Comment on fait ? Vous pensez bien que je ne voulais pas manquer cette occasion de voyage. Le minibus a donc fait demi-tour pour moi et c'est essoufflée mais soulagée que j'ai pu prendre place à bord avec Menesez (la seule Peacekeeper femme de l'UEMPE) et Fonte. Il est 14h15 quand nous arrivons enfin à l'aéroport militaire. Nous retrouvons les autres officiers de l'UEMPE. Au total, nous sommes 7 à partir, à rejoindre le groupe de 65 peacekeepers actuellement en fin de formation sur la base militaire de Jaramijo, près de Manta, au bord du Pacifique.



Je récupère mon "coupon" pour voyager (gratis) sur le vol. Décollage de Quito, escale à Salinas 45 minutes plus tard, et nous apercevons déjà la côte océanique et percevons la chaleur ambiante : qué ricooooooo ! Les alentours de Salinas sont plutôt secs, il faut dire que la région est connue et doit son nom aux salines des environs. Nous redécollons et la prochaine escale sera la bonne pour nous : Manta. Il est 17h quand nous sortons de l'aéronef, il fait bon, un peu humide même : un climat équatorial en somme.

Vue aérienne sur Salinas

à la descente de l'avion de la force aérienne équatorienne. à gauche, mon directeur et à droite, Daniel

A la descente de l'avion, on nous reçoit dans les conditions telles d'une zone en difficultés, en crise et donc dans ces cas-là, j'incarne une directrice d'ONG et les pacificateurs, c'est le nom des soldats pour les missions du maintien de la paix, nous équipent d'un casque bleu marqué UN et d'un gilet par balles kaki. Nous sommes dans le bain et je prends conscience de ce que sont les missions du maintien de la paix. Bien sûr, tout ceci n'est que simulation, entraînement. Les soldats sont ici depuis deux semaines et se mettent en condition... Une vraie simulation jusqu'à notre convoi avec pick-up kaki et camion militaire.



Au campement aussi, on nous accueille et on nous fait faire la visite des tentes, de l'infirmerie, de la cantine, de la salle de réunion etc. Le long de la route, l'odeur du large mais surtout des usines de poissons sur la route (thons entre autres) se fait sentir. Devant chaque pas de porte, des hamacs en filet de pêche où chacun dort, se balance, se prélasse. Même près du terrain de foot, point de tribune mais un abri avec des hamacs ! En arrivant sur le camp, cette province de Manabi me rappelle l'Afrique : chaleur, humidité, la végétation, les cabanes, les moyens de locomotion et jusqu'au coucher du soleil flamboyant derrière les ceïbos aux allures de baobab. Dépaysant à souhait, cela confirme bien ce qu'on me disait : l'Equateur est très diversifié d'une région à l'autre. Je vis dans la Sierra (région centrale élevée), j'ai frôlé l'Oriente (la région de l'Est, l'Amazonie) avec les parents et me voici sur la Costa... Ne me manquera que la région insulaire des Galapagos mais ça, c'est pour plus tard.


Port "Thon", j'invente rien !

Tribunes-hamacs

"Touk-touk" en Afrique et "tricimoto" ici sur la côte équatorienne
Ceïbos (presque des baobabs tellement leur tronc est gros et noueux avec des formes bizarres) 
 On récolte le coton de leurs fleurs pour en emplir les matelas.

Nous prenons nos quartiers sur la base aérienne près de Manta et nous filons vers le Malecon, la promenade le long des plages. Là, nous prenons un verre et on pousse même la chansonnette au karaoké. L'atmosphère se détend et j'apprends à connaître mes collègues. Respirons, nous sommes sur la côte, tout est tranquille et agréable et ça, ça fait du bien. Bonus : pas de pluie contrairement aux douches quotidiennes quiteñas !

Vendredi matin, je poursuis mon apprentissage de ce que recouvrent les missions de maintien de la paix. L'un des scénarios auxquels je participe est celui d'un check-point ou contrôle routier. Avant de partir, on récapitule la mise en scène : mon conducteur va s'enfuir à un moment, des armes ont été cachées dans le véhicule pour tester si la fouille sera bien effectuée, et moi je suis toujours une directrice d'ONG mais je ne parle que français, je ne comprends aucune autre langue (comment vont-ils réagir ? m'expliquer par des gestes etc.). Une fois au niveau du check-point, chacun joue son rôle comme il se doit. Ils ont de la chance, l'un d'entre eux baragouine quelques mots de français donc ça passe néanmoins, pour ce qui est de la fouille, ils passeront à côté d'un fusil caché derrière la banquette. On fera la critique lors du debriefing ultérieur. Intéressant, non ? Plus tard dans la journée, j’assisterai à d'autres formations en matière de descente à la corde ou de tir avec mire infra-rouge.



En parallèle des activités, vous pensez bien qu'on goûte aux joies d'une gastronomie différente de celle de la Sierra : le poulet et la viande laisse la place aux poissons et aux fruits de mer, miam miam. Même au petit déjeuner, on nous servira un encebollado, une sorte de soupe chaude avec des oignons (cebollas d'où le nom), du poulet et des fruits de mer. Je teste donc et à cela, on peut ajouter des chifles ("tchiflé"), des chips faites à base de bananes plantains. N'oublions pas que la banane est reine ici en Equateur, ils en sont même le premier exportateur mondial. Midi et soir, nous poursuivons notre régime : ceviches rafraîchissants (poisson, crabe, crevettes, coques ou un mélange de tout ça mariné dans du citron) ou bien poisson grillé accompagné de "patacones", une autre façon de déguster le plantain cuit à la poêle cette fois et écrasé. Le tout servi avec quelques jus de fruits naturels à base de naranjilla, citron, mûre, fraise, mangue, fruits de la passsion, j'en passe et des meilleurs !

Les fameux "patacones"
Pêcheurs à la recherche des poissons du jour
Céviche, notre déjeuner dominical


Après tant de bonnes choses, vient le moment d'éliminer et pour ce faire, je me suis joint au groupe en ce samedi matin pour un petit footing. Il est 7h, échauffement avant de faire quelques 8 km (2-3 seulement pour moi, je suis descendue de la voiture de sécurité sur la fin du parcours, faut avouer que côté sport, je suis un peu à la ramasse). Le parcours longe le bord de mer, on dépasse les ateliers de fabrication de bateaux de pêche ou encore le marché aux poissons jusqu'à arriver sur la plage du murcielago (la chauve-souris), à Manta. Derniers mètres, quelques exercices encore, abdos, pompes et enfin, sous le soleil déjà chaud, nous pouvons piquer une tête dans le Pacifique. De mon côté, je me remets doucement de l'effort et je fais trempette seulement. Après l'effort, le réconfort d'un petit déjeuner et la préparation d'un nouvel exercice de simulation : la conférence de presse. Pour cette occasion, je ne serai plus francophone mais anglophone, ne comprenant rien, on me prête un interprète et en tant que journaliste pugnace, je suis chargée de poser des questions qui dérangent. Par exemple, depuis l'arrivée des casques bleus sur les terres du Bogoland (pays fictif inventé pour l'exercice), on reporte des incidents avec les villageois : abus entre autres, qu'en pensez-vous ? Qu'avez-vous à déclarer ?

Avant de courir, la photo de groupe

Pêcheurs de Manta

Les ateliers de confection des bateaux de pêche

Bonne foulée, non ?


La fin de journée se termine paisiblement, nous allons accueillir à l'aéroport notre chef administratif et un officier français du CAECOPAZ, l'équivalent argentin des écoles de formation pour les missions du maintien de la paix. Là encore, l'occasion nous est donnée pour un nouveau dîner au bord de la plage, miam le ceviche de camarones (crevettes marinées). Pour digérer, une balade nocturne sur la plage, on se sentirait presque en vacances, non et pourtant...

Dimanche encore le réveil sonnera de bonne heure et pourquoi ? Pour en apprendre encore plus sur les missions du maintien de la paix à travers une démonstration de combat urbain et de combat proche. Il faut "s'armer" de boules quiès, on ne joue plus, les balles tirées sont réelles. Quelle est l'approche à adopter dans le cadre de l'assaut d'une maison où l'on suspecte que des belligérants sont cachés, etc. De nouveau, pour l'occasion, je renfile le casque bleu et le gilet par balles.





La journée de dimanche se poursuit de manière plus détendue. C'est l'ultime journée avant la cérémonie de clôture de campagne du lendemain. De fait, on passera donc la journée à la plage à se baigner (mon premier vrai bain dans les eaux du Pacifique), à discuter, à jouer au foot ou encore à manger... un ceviche avec des chifles (je ne vous réexplique pas, hein ?). Après le déjeuner, les étudiants en formation nous offre un spectacle "obra social", constituée de la caricatures notamment des différents instructeurs qu'ils ont eus pendant ces 12 semaines de cours. Tout ça est bon enfant, vous l'aurez compris. La fin de journée est marquée une nouvelle fois par un coucher de soleil aux tons orangés.



Tirage à pierre papier ciseaux pour savoir qui ira devant...





La nuit du dimanche au lundi fut difficile pour les troupes. A peine endormis, les instructeurs créaient une fausse attaque et les contraignaient à emporter un paquetage de 15 kg pour effectuer une marche de 13 km (de Crucita à Jaramijo) sur la plage au petit matin. Arnachés qui plus est du casque bleu, du gilet par balles et du fusil. Ils ont dû attendre que la mer baisse un peu et pour cela, ils ont dormi sur le sable... au point quasi de ne pas se réveiller à temps. ... Enfin, ils sont arrivés à 7h sur la plage de la veille, nous les y attendions depuis 6h (j'ai donc assisté à mon premier lever du soleil ce jour-là). Epuisés mais accueillis comme il se doit, on leur a remis le patch "Peacekeeper" à coudre sur leur uniforme ainsi qu'une médaille pour l'accomplissement de la formation reçue.

Lever du soleil !


Peacekeepers validés !


Cette cérémonie marque la fin de notre séjour dans la région de Manabi mais non pas du retour à Quito...
La suite dans le prochain billet !

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